Quelques mots sur vous et Compagnie Lebon ?
Je suis dirigeant du groupe Compagnie Lebon. C’est un groupe qui a deux pans d’activité, une activité d’exploitation hôtelière et thermale et une activité d’investissement. Il y a toujours eu un ADN commun : à la fois un très fort ancrage entrepreneurial et une vision du long terme. Donc c’est de l’entrepreneuriat réfléchi pour la pérennité du groupe.
Une culture d’entrepreneur et d’investisseur, comment les partagez-vous ?
Je veux commencer par ne pas opposer les deux termes, parce que, comme l’ont montré d’ailleurs les acteurs de la tech qui ont monté leurs sociétés avant de les revendre et qui sont devenus par la suite investisseurs, leur expérience en tant qu’entrepreneur a largement servi leur métier d’investisseur et leur capacité à accompagner des dirigeants d’entreprise. Aujourd’hui, je passe beaucoup de temps sur tous les métiers opérationnels d’exploitation du groupe et ces métiers nous confrontent au quotidien aux différents enjeux que vivent les différents patrons d’entreprises, quelle que soit leur taille. Quelques exemples : les évolutions des attentes des salariés, les évolutions énergétiques, les évolutions digitales : tout le monde parle de l’IA actuellement et ça fait très longtemps qu’on a une transformation digitale. Comment est-ce qu’on se confronte à ça ? C’est quand même beaucoup plus simple d’avoir une lecture éduquée et éclairée des différents investissements qu’on regarde et d’être un partenaire qui apporte de l’intelligence à un autre dirigeant, qui se confronte aux mêmes enjeux pendant toute la période d’investissement.
Quelles sont vos différentes stratégies d’investissement ?
Il y a Re-Sources Capital, qui sont des fonds d’entrepreneurs en région où on a une équipe d’associés, entrepreneurs eux-mêmes, qui lèvent de l’argent auprès de dirigeants d’entreprise de la région pour accompagner des dirigeants qui souhaitent continuer à développer leur société et rester majoritaire à leur capital. On crée un écosystème régional très entrepreneurial de personnes qui vont s’entraider pour pousser le tissu de PME et faire émerger des ETI, faire émerger de la création d’emploi, faire émerger des sociétés qui vont aller à l’international en s’entraidant. En parallèle, nous avons toujours investi notre capital dans des entreprises internationales. Donc on a souhaité conserver cet angle là et créer une activité de co-investissement dans des dossiers qui sont organisés et opérés par des fonds internationaux de premier plan. Le dernier pan d’activité est l’immobilier, où là encore on cible des actifs, des établissements, avec une certaine identité, qui correspond aussi à une forme de pérennité. Pérennité énergétique, pérennité dans le devenir de ces bâtiments et on le fait de manière ouverte avec tous nos investisseurs et partenaires.
Vous êtes vous-même accompagné par des conseils lors de vos acquisitions, qu’attendez-vous d’eux ?
Le conseil est un sparring partner, quelqu’un qui nous permet de prendre un pas de recul sur la situation, de réfléchir ensemble, de trouver des solutions. Quand on a un conseil externe, c’est quand même beaucoup plus efficace. Parfois, le conseil est là pour passer des messages et c’est une question assez simplement stratégique et tactique de comment on approche une opération. On ne peut le faire que si on est conseillé et surtout si on est bien conseillé.
Un exemple d’intervention ?
Je pense immédiatement à une opération qu’on a réalisée il y a très peu de temps, il y a quelques mois. Nous avons un pacte d’actionnaires un petit peu compliqué pour pouvoir à la fois laisser un entrepreneur continuer à développer son groupe en étant à ses côtés, et pouvoir reprendre la main à un horizon moyen long terme en accord avec cet entrepreneur, bien sûr, et s’assurer que cette opération, que ce soit aujourd’hui ou demain, soit actionnable sans aucun obstacle pour nous ou pour l’entrepreneur.
Un mot pour les clients du cabinet qui souhaitent investir dans l’écosystème entrepreneurial français ?
Il y a plein de manières, soit directement dans des entreprises qu’il connait, beaucoup choisissent ce format qui est très rapide, soit dans des produits financiers si c’est vraiment du pur placement, soit dans des acteurs qui leur donne accès à la compréhension de ce qui est fait, ce qui démystifie ce retour et la raison de la création de valeur puisqu’eux-mêmes y participent. Je pense que beaucoup de dirigeants ont déjà cette compétence, puisque pour un certain nombre, évidemment pas pour toutes les sociétés, ils ont déjà fait des acquisitions, minoritaires ou majoritaires, mais souvent en conservant l’équipe de direction et donc ils savent ce que c’est que de faire une opération ciblée sur une société et d’avoir cet accompagnement dans le temps de cette entreprise qu’ils ont rachetée ou dans laquelle ils ont investi. Par contre c’est vrai que c’est généralement dans les secteurs qu’ils connaissent et le monde du Private Equity peut paraître assez flou.
C’est pour ça que nous avons fait le choix de sortir de cette financiarisation et de créer ces écosystèmes d’investisseurs partenaires pour aller chercher leur intelligence et de leur présenter les patrons de société dans lesquelles nous investissons, définanciariser cette solution d’investissement, tout en créant de la valeur voire en soutenant encore plus la création de valeur par cette intelligence collective.
Ce retour d’expérience dont nous avons bénéficié à date pour pouvoir pérenniser une entreprise pendant 190 ans, c’est exactement ce dont nous nous servons au quotidien pour investir et développer nos métiers d’investissement. C’est très important de faire attention au partenaire qui investit. Vous serez très content si vous savez que le partenaire auquel vous faites confiance sera là dans 20 ans.